If I was invisible...Wait, I already am !

6.2.07

Esclavage ou vocation ?

J'ai déjà plusieurs années cummulées de travail comme serveur dans la restauration. J'ai vu beaucoup de choses, j'ai travaillé pour des établissements très différents, en passant du resto familial au places de big shot, avec service protocolaire et gants blancs.

Vous savez, j'adore ce que je fais maintenant, le service plus complexe, avec toutes les connaissances que j'ai acquises, en service, en vin, en bar, etc.

Mais une chose me manque de la restauration de style fast-food. Le sentiment d'être humain.

Lorsque je travaillais sur le Blv, il y a déjà quelques années, j'étais un employé, plus ou moins respecté de la part de ses clients. Plusieurs m'adoraient, certains me détestaient cordialement. Je n'avais pas la langue dans ma poche et, dans ce type d'établissement, on a vite fait d'envoyer aux orties les normes de service et autres protocoles du même type.

Pour résumer, j'en ai envoyé des clients se faire des toasts chez eux. Et vlan.

Dans ce que certains appellent la "Grande Restauration", je ne suis plus un employé.

Nous sommes des esclaves.

Voici une petite histoire qui m'est arrivé qui illustre assez bien, je crois, mes propos.

Jusqu'a cet automne, au restaurant, nous avions 2 salles différentes pour les repas. La Grande Salle à Manger donnant sur Grande-Allée, et le Bistro, donnant sur George VI. Nous avions aussi 2 menus. Celui de la Grande Salle allait tirer dans les 70 $ par tête, et celui du Bistro dans les 30$. Plus le vin. Plus les apéros. Plus [ ... ].


Rendu à l'automne, manque de clientèle oblige, nous avons du revoir la formule. Question de logistique, nous avons fermé la Grande Salle et conservé le Bistro.

Un nouveau menu fut offert, avec des prix variant entre ceux des 2 anciens menus.

Fin Octobre un couple dans la soixantaine arrive un soir de semaine, vers les 20h00. Je les acceuille à la porte, les débarasse de leurs manteaux et les invites à me suivre. Je me dirige donc vers le Bistro.

L'homme m'interpelle alors;

-Non jeune homme, nous allons dans la Grande Salle.

-Je suis désolé monsieur, mais la Grande Salle est fermée pour la saison hivernale. Par contre, nous avons apportés des modifications au menu du Bistro afin d'offrir des plats tout aussi intéressants que ceux auquels vous étiez habitués.

Et l'homme de me regarder d'un air interloqué avant de faire cette affirmation..hem.. originale :

-Mais non ! Le bistro c'est pour les gens ordinaires. Les gens comme nous vont de l'autre côté, dans la Grande Salle.

Je n'ai eu AUCUNE réaction.

Pourquoi ?

Parce que je travaille à TOUS les jours avec des gens comme ça.

Les riches ne sont pas pires que les pauvre. Ce n'est pas ce que je dis.

Ils ont simplement leur propre vision de leur réalité.

Cependant, comme le couple quittait en fin de soirée, une pensée un brin amère se glissait en moi.

Je n'aurais même pas les moyens de m'offrir un repas pour 2 personnes au Bistro.

Moi qui ai toujours cru faire parti des gens ordinaires !

2 commentaires:

Valérie-Ann a dit…

Mouais. J'ai aussi travaillé dans la restauration. La condéscendance, le mépris, l'attitude du: tu me sers, tu es donc sous mes ordres, j'en ai eu ma claque. J'aime mieux les animaux, eux au moins, ils peuvent penser du mal de toi, une morsure ça fait moins mal qu'une parole méprisante.

Jeune Homme a dit…

bha on fini par s'endurcir et se faire une carapace..c'est comme jouer uen game un peu :)