Le Jeune Homme en est à sa cinquième journée de travail de 7h30 à 18h00. Au cours des quatre dernières journées l'ambiance fût, as usual, démente. Il est fatigué et il à le droit de l'être. Hier soir il s'est couché plus tard car il ne pensait pas avoir une grosse journée aujourd'hui. Meteomedia annonçait de la pluie, il croyait, au pire, venir faire les petits déjeuners et quitter vers midi.
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Dame nature est une saloppe. Il est allé travaillé. Il a fait ses petits déjeuners. Il croyait quitter vers midi. Le soleil s'est pointé.
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D'habitude ils sont trois serveurs, un commis et un suiteur. Aujourd'hui ils ont ouvert la terrasse vers midi et demi, à la va-vite, à deux serveurs. Pas de commis. Pas de suiteurs.
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Elle s'est remplie. Cette saloppe de terrasse.
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Il n'est pas dans un rush, il est quelques coches plus loin. Il est profondément dans la merde. Très profondément.
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Un couple d'américains entrent sur la terrasse et se dirigent vers lui.
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-We're gonna have this table sir.
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La table est sale, évidemment. Il y a quatre tables de libres. Trois qui sont prêtes à recevoir des clients, une jonchée de verres, papiers, résidus divers. Le Jeune Homme est fatigué. Le Jeune Homme est dans la merde. Le Jeune Homme n'a pas le temps.
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-Hi sir! Would you mind to seat yourself on a clean table ? We're running low of staff today and I really don't have the time to set this table for the moment.
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-No. We want this table.
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-I'm sorry but it's not available for the moment. You can take a clean table or wait at the door the time I clean this one but it's gonna take a couple of minuts. Your choice.
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Déjà l'irritation gagne le Jeune Homme. Il n'a pas le temps de tergiverser. Déjà certains clients regardent la scène soit d'un air de compassion pour le serveur qu'est Jeune Homme, soit d'un air de mépris pour l'homme pathétique qu'est la parti alpha du couple d'Americanos.
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-Why don't you stop telling us you don't have the time and use this time to clean our table ?
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J'crois que c'est définitivement à ce moment précis que le stoppeur que j'ai mis des années à solidifier à rendu l'âme.
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-I'm gonna tell you something sir. I'm workin' here as a waiter for this restaurant and not as a slave for ya. I'm here to serve people, not to do whatever they feel like. Right now I'm telling you you can't have this table and there's no discussion on that. So you take another table, so you wait at the door, so you get the fuck out of here but you stop disturbing me because there's other people waiting to be served.
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-You know it's not the way you should talk to someone who's cumming to spend money in your etablishment?
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-You know I don't give a flying fuck of your money because there's enough people here to help me pay my bills?
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-I think..
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I don't care what you think. Get the fuck out of here righr now coz whatever table you'll have I'm not gonna serve you. Wish ya a day as good as your politeness sir.
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Pas fort de ma part. Mais avec un établissement à clientèle touristique, on peut le faire.
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Bien sur, je l'ai pas fait. Tout ça s'est passé dans ma tête. J'ai juste serré les dents et préparé la table... Avant de demander à Francine d'aller les servir pour éviter que la situation ne dégénère.
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Sauf que... Sauf que j'crois qu'avant longtemps, ya de bonnes chances que ça arrive. J'sens mon stoppeur qui s'use pas mal trop vite, et l'été qui dure pas mal trop longtemps
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Avant longtemps, ya d'bonnes chances que j'me mette à répliquer.
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C'est triste. J'ai la réplique facile. Dans toute les langues.
5 commentaires:
Hahaha! J'aurais aimé ça que ça soit vrai! Ces cons d'Américains, parfois, ils l'auraient bien cherché!
«Bien sûr, je ne l'ai pas fait...»
Sais-tu, moi c'est le genre de truc que j'aurais fait. C'est vrai qu'un employé n'est pas un esclave et n'a pas à être traité comme tel.
Ça doit être pour ça que je reste derrière mon comptoir aussi... ;-)
Mdr ! J'espérais tellement que ce soit vrai, que tu l'ais dit, ça me libérait du même genre de phrases qui passent parfois dans ma tête !!!
Tention au stopper, j'ai une idée de ce qui peut arriver lorsqu'il est trop usé...
J'adore engueuler les gens en anglais dans ma tête quand je suis mécontente du service ou des ordres qu'ils me donnent. J'ay ai presque cru un instant mais c'était toutefois très bon à lire.
Encore une fois, j'y ai cru... Tu devrais venir travailler quelques semaines à Paris, fait tellement beau (noter ici l'ironie) que tu travaillerais probablement des heures normales malgré la forte clientèle touristique qui demeure (parce qu'ils ont probablement pas pensé qu'on allait avoir un été de merde ici...)
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