If I was invisible...Wait, I already am !

6.11.08

L'amour Sous Toutes ses Formes..

Ce soir j'ai lu un Blog.
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Le blog d'une personne que je connais qui parle d'une personne que je connais. Sa soeur.
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Ce n'est pas la première fois que je lis ce blog. Ce n'est pas la première fois que cette personne parle de sa soeur.
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En fait je connais cette personne. Et sa soeur.
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Aujourd'hui je me permet de raconter une histoire racontée par moi, vécu par d'autre, vue par plusieurs personnes, connaissances ou étrangers.
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Aujourd'hui je réclame la totale liberté auquel tout blogueur devrait avoir droit. Celle du nouveau blogueur lue par personne, connu d'aucun et d'aucune, libre de ses pensées et de ses mots.
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Comme toute bonne histoire se doit de débuter par une très classique introduction, allons-y:
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Il était une fois, il y a très longtemps et récemment à la fois, une fille.
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Jeune fille? Probablement. Elle n'a jamais été vraiment jeune mais, en même temps, elle le sera probablement toute sa vie.
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Cette jeune fille je la connaissais de vue. Je la croisais souvent au collège que nous fréquentions tous deux.
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Je la connaissais d'amis communs. Plus tard je l'ai connu en tant que soeur d'un de mes amis. Mais je saute des étapes.
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Chaque fois que je croisais cette fille sympathique quoi que différente de la masse dans les corridors de notre école je n'arrivais pas à me souvenir de son nom.
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Je savais que je la connaissais. Je savais pourquoi et d'où je la connaissais. Mais son nom m'échappait, comme sans importance pour l'être profond qui vivait en moi.
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Évidemment cette fille était très intelligente. Elle savait que j'oubliais son nom et trouvait un malin plaisir à me le remettre sur le nez. Chaque fois la conversation se terminait de la même manière. " Je suis "..." et tu as encore oublié qui je suis.
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Si cela peut t'apporter un baume, je n'ai jamais oublié qui tu es. Jamais à l'époque, jamais ensuite, jamais maintenant.
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Si notre relation a débuté par quelques amis commun, nous avons été rapproché par la force des choses.
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Moi et ton frère avons développé une relation extraordinaire.
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Tout est arrivé tellement rapidement.
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Nous nous sommes rencontré dans un grand moment de faiblesse.
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Nous avions tous les deux perdu un amour par lequel nous nous définissions beaucoup. Le sien était beaucoup plus profond et ancien que le mien, mais j'étais beaucoup plus jeune et en quête de moi même.
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Sans nous comprendre, nous arrivions à nous respecter dans ce que nous vivions.
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Celà a jeté les bases de notre amitié et jamais depuis elle n'a souffert de nos différentes épreuves et expériences justement grâce à celà.
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Lorsque je suis parti pour la vieille Capitale tu commençait déjà à faire des tiennes.
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Personne ne s'en inquiétait vraiment, tu avais toujours été différente.
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Différente avec un D majuscule.
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Tu n'étais pas comme les autres mais tous et chacuns y étaient tellement habitués que personne ne s'en alarmait vraiment.
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Certes, tu étais encore humaine.
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Tu étais toujours plaisante, quoi que parfois déconcertante.
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Je t'accueillais chez moi à bras ouvert.
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Moi et ton frère, mon ami, passions nos week-end ensemble, partageant mon lit chastement, partageant nos loisirs, nos amis, notre vie.
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Et avec plaisir nous t'invitions à entrer et vivre dans notre univers.
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Tu débarquait chez moi avec lui le vendredi et, sachant ta différence, nous te respections.
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Tu ne voulais pas sortir avec nous, tu pouvais rester chez moi.
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Tu voulais utiliser l'ordinateur? Il t'était gracieusement prêté sans question et sans appréhension.
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Tu avais faim? Le frigo était là.
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Tu voulais prendre une douche? Une serviette était toujours prête pour toi dans la salle de bain.
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Tu étais bienvenue ici comme si tu avais été invitée, alors que tu ne l'étais pas. Tu étais accompagnatrice.
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Peu m'importait qu'il m'en coute deux quart de pain et un pot de beurre d'arachide par week-end, ta présence ne m'importunait pas.
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Sans être toujours plaisante, tu étais divertissante.
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Même après, tu l'es restée, à ta manière.
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Même après avoir sauvagement coupée tes cheveux.
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Même après avoir malsainement pris tout ce poid.
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Même après quand tu ne pouvais plus sortir de chez toi, quand tu passais ta vie en pyjama.
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Même quand tu nous as fait un joli collage avec tes circulaires d'épicerie pour nous prouver que tu n'avais pas les moyens de manger tout un mois durant avec tes revenus, alors que nous nous efforcions de ne pas rire devant ces pages de cahier Hibou ou étaient collés des images de Filet-Mignon, Cerises de Terre et Compagnie.
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Même quand ta maladie a pris totalement le dessus et que plus rien n'était sencé être drôle.
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Quand cet après-midi là tu as étalé sur la table de la cuisine ta panoplie de médicaments, tassant de ta main gauche deux comprimés en nous disant "ça c'est mes pelules pour chier" et écartant de la main droite tes gélules de Lithium en déclarant "Pis ça c'est celles qui m'empêchent de le faire partout".
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Jamais tu n'as perdu notre appréciation.
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J'ai vu tes proches, des gens que j'aime, s'épuiser a t'aider, à t'aimer, à rester présent alors que leur présence même, leur amour, t'importunait.
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Je t'ai vu déclencher la foudre et le tonnerre pour chaque preuve d'amour et d'appréciation qu'ils t'offraient.
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Je t'ai vue prendre la totalité de leur amour, de leur confiance, de leur appréciation et de leur aide pour en faire un paquet bien solide que tu as ensuite arrosé de l'essence que tu volais avec la voiture de ta mère avant d'y mettre le feu avec la rage de ta haine.
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Une haine qui, j'en suis sur, est principalement portée envers toi même.
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T'es tu jamais arrêtée un instant pour te demander à quel point il fallait que tes proches t'aiment pour continuer d'apprécier une personne qui se déteste autant que toi ?
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Les sacrifices qu'ils ont du faire pour rester près de toi durant toutes ces épreuves, après chaque coup de lame de rasoir que tu t'infligeais, après chaque marre de sang dans laquelle tu perdais connaissance de toi même pendant quelques instant ?
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N'as tu jamais arrêté de te détester ne serais-ce qu'une seconde pour contempler l'amour que les autres te portent ?
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Pas juste tes proches mais nous aussi, les autres?
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Ceux sur qui tu ne peux pas compter, ceux qui ne seront pas là durant les moments difficiles ?
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Ceux qui ne font qu'accepter le fait que tu es malade avec une tranquille sérénité parce que cela n'affecte pas leur quotidien, leurs certitudes, leur vie ?
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N'as tu jamais pensé à ce qui ce cachait derrière chaque tranche de pain que tu engloutissait sans rien demander ni jamais dire merci chez moi ?
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N'as tu jamais vu la symbolique?
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Es-tu incapable de voir l'amour sous toutes ses formes?
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Si oui, que Dieu ai pitié de toi....
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...Puisque c'est probablement la dernière personne qui soit encore capable de formuler un tel sentiment à ton égard après toutes ces années d'errance et d'échecs sociaux....

6 commentaires:

aSelfishGirl a dit…

Wow, c'est fou comme nos problèmes peuvent nous paraitre si grand des fois, et comparé à d'autres...si petits.

Ne t'arrêtes surtout jamais d'écrire.

Chouchou a dit…

Merci beaucoup! Merci de faire partie de ma vie, d'être là...

La Prof d'Anglais a dit…

Merci d'être dans la vie de Chouchou de cette façon, par ta présence te tes mots...merci aussi d'être dans la mienne par nos absences et nos soirée mémorables et interminables...

Chouchou a dit…

J'viens de le relire, on dirait que j'me tanne pas hehehe Merci encore Madge! ^^

Anonyme a dit…

C'est quand je lis ça que je réalise comment c'est loin l'Ouest

Une femme libre a dit…

Votre billet me touche beaucoup. Vous avez si bien compris ce que vivent les proches d'une personne qui souffre de maladie mentale. L'impuissance totale. On voudrait tant et ce qu'on peut faire de mieux, c'est mettre notre énergie ailleurs et attendre que la malade nous demande de l'aide parce que, vous l'avez bien décrit, l'amour des proches est plus accablant qu'aidant pour le malade. Prendre ses distances pour se préserver et ne pas couler avec la personne atteinte. Peu de gens comprennent ça. Ce n'est pas de l'abandon, c'est un code de survie. Merci pour ce beau texte.