If I was invisible...Wait, I already am !

27.1.08

Jeune Homme Crashed Ice

Peu avant 9h00 am, le Jeune Homme, entortillé dans ses draps frappait d'une main molle son cadran pour un autre 9 minutes de répit. Il savait qu'il aurait déjà du être sous la douche, routine du quotidien face à une journée chargée. Le Red Bull Crashed Ice allait battre son plein dans le Vieux aujourd'hui et le Jeune Homme était de service face aux 100 000 personnes attendues.
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DRIIIIIIING!!!! DRIIIIIING!!!
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Le Plus Petit de Nos Amis à l'autre bout du fil. Que fais-tu ? Je dors ! Tu travailles à 10? Ouais. Tu veux un lift? Why not ? J'arrive tout de suite? Dream on! Laisse moi le temps de prendre une douche! D'accord, j'arrive a 9h30.
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Et le Jeune Homme était encore sous la douche lorsque LPPDA arriva. Un bonjour joyeux suivi de pas rapides vers le bureau où cet ami s'installa pour quelques minutes, prendre ses e-mails, pendant que le Jeune Homme finissait de se préparer, s'auto-félicitant d'avoir été sage la veille et de se lever (relativement) en forme.
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Small talk et cigarette, le Jeune Homme arrive au resto. Il est prévu qu'il fasse un double shift aujourd'hui, 10-14/17-pré-fermeture, dans la salle au deuxième étage.
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C'était sans compter sur le fait qu'en restauration il ne faut jamais rien prendre pour acquis.
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Il n'avait pas encore enlevé son manteau que sa gérante l'informait qu'un petit changement avait eu lieu durant son absence. Ce matin il travaillerait dans la section 3-4. Le rez-de-chaussée du restaurant est effectivement divisé en trois sections. la section un, la plus proche de la porte, à droite de l'établissement, est la plus rentable. Toujours pleine, les clients s'y succèdent à une vitesse folle et seul les plus anciens et les plus compétents peuvent se permettre le luxe d'y travailler. Puisqu'il est dans les dernier rentrés, le Jeune Homme n'a que rarement la chance d'en profiter. la section 5, du côté gauche, est plus petite et certaines des tables qu'elle comprend plus difficile à rentabiliser. Proche de la porte de la cuisine, entre deux console de travail, les clients trouvent l'endroit bruyant. Lors d'une journée achalandée elle peut se révéler une mine d'or. Lors d'une journée tranquille, la jalousie de voir la section d'à côté no vacancy, elle se révèle un crève-coeur d'une remarquable qualité. La dernière section, la 3-4, est située au fond du restaurant. Anciennement deux sections maintenant fusionnée en une seule giga-division, elle est le plus difficile à faire marcher. Les clients se trouvent loin (loin de quoi? Mystère), les serveurs aussi. À des kilomètres de la cuisine, de la cafetière, des consoles de travail, des ordinateurs, un quart de travail dans la 3-4 se révèle rapidement être la version restaurative du marathon de Boston. Une journée à y travailler équivaut à faire la moitié du pourboire de celui ou celle qui aura la chance d'être dans la section 1. Triste réalité s'il en est une, la hiérarchie d'un établissement ne se conteste pas, avec ou sans raison.
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Trois serveurs sur le plancher. La plus ancienne, machine à prendre les commandes et à garocher les assiettes, dans la section 1 avec 35 place assises. La plus jeune, nerveuse face à cette journée qui se promet haute en couleur, dans la section 5 ayant 32 sièges à sa disposition. Le Jeune Homme reposé et souriant, dans la section 3-4, vide de ses 46 places.
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La journée avance, les clients arrivent, repartent. C'est une bonne journée. Une très bonne. Le resto roule bien, les clients arrivent à un bon rythme. Les sections sont pleines mais tout va bien. Occupés sans être débordés, les serveurs sont heureux. 11h00, puis midi. 13h00 le rythme accélère. 14h00 c'est la débandade. Les machines à café ne fournissent plus, la jeune fille qui fait la suite (apporte les assiettes aux tables) n'en peut plus des aller-retour incessants entre la salle-à-manger et la cuisine, n'en peut plus de beurrer des toast, n'en peut plus d'essuyer des verres et des ustensiles à la course. Les portes a battant de la cuisine qui tournent sans cesses laissent filtrer les éclats de voix des cuisiniers qui sprintent entre le four a pizza, les tables chaudes, tables froides, plaques et friteuses sur les deux étages.
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Le Jeune Homme est a des milles du monde extérieur, isolé au confint de l'établissement. L'hôtesse ne vient dans sa section que pour porter des gens, les commis n'osent même pas y pointer le bout du nez. Il débarrasse et monte ses tables lui-même, installe les gens, explique les spéciaux, prend les commandes, préparer les boissons, prépare les desserts, fait payer les gens. Il explique encore et encore le mode de fonctionnement au Québec pour le pourboire en Français, en Anglais, en Espagnol.
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Sourire scotché aux lèvres, il passe en boucle les mêmes quatre ou cinq blagues qui font éclater de rire les clients, passe en revue sans réfléchir les mêmes sujet de conversation, de la température au famueux Red Bull Crashed Ice, de l'achalandage marqué de la journée à la beauté du Vieux-Québec. Random service, Random play, Random fun.
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À 14h00 il était sencé terminer pour ne recommencer qu'à 17h00. 15h00 arrive, il est encore là. 16h00 approche, aucune chance qu'il parte. Double-shift my ass. Ce sera un seul et unique long quart de travail.
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Il a faim. Il a le goût d'aller fumer. Il sait qu'il a probablement envie d'uriner, mais son corps a depuis longtemps cessé de le harceler avec d'aussi futiles préoccupations lorsqu'il travaille.
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16h15 un serveur prend la relève. À la vitesse de l'éclair le Jeune Homme termine ses dernières tables, alors que son sauveur prend les nouveaux clients. Fort d'une conscience professionnelle sorti d'on ne sait où le Jeune Homme monte aux troisième étage backstore et revient chargée de serviettes de tables, napperons, ketchups, mayo, sucre, café, etc. Il empli à craquer les différentes consoles du restaurant, s'assurant que les autres ne manqueront de rien.
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Punché-out après s'être commandé une bouffe rapide, il enfile son manteau et sort sur la rue griller une clope qui, pompée trop vite, fait une longue carotte incandescente.
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Il doit reprendre du service à 17h00, au deuxième étage, dans la plus grande des deux salles. Deux serveurs, 60 places assises, le "mur de pierre" attire une clientèle différente. Moins de monde, plus grosses factures, cette salle communique avec la cuisine par une monte-plat. Pas d'hôtesse, pas de commis, pas de suiteur. Les serveurs sont seul au monde. Ce soir il seront quatre. Deux par salle. Comme porté par le mouvement, les trois collègues de travail du Jeune Homme sont affairé tel des abeilles à monter les salles, préparer la mise en place, etc. Le Jeune Homme lui mange dans la plonge, son assiette sur un petit congélateur, assis sur une chaudière de margarine à côté de l'énorme malaxeur industriel.
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à 16h40 la propriétaire de l'établissement vient le voir. Ils ont besoin de lui dans la salle, les clients arrivent, c'est la débandade.
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Le Jeune Homme balance donc le restant de son pauvre repas à la poubelle, punch in, et reprend du service.
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En restauration, on ne peut jamais prévoir.
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à 18h00 les clients se font rare. Par la fenêtre il regarde la rue bondée. au deuxième, quelques tables, sans plus. Les autres serveurs n'ont pas eu sa matinée. Ils bougonnent à voix basse. Tout le monde compte sur cette fin de semaine pour compenser les faibles revenus du mois de Janvier. La déception s'annonce amère.
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Le Jeune Homme tourne en rond, sert ses quelques clients. Sa patronne ne veut pas qu'il quitte avant 21h00, au cas ou...
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C'est finalement un peu passé 22h00 que le Jeune Homme franchira pour de bon la porte de devant de son lieu de travail, disparaissant dans la foule compacte et altérée par l'alcool le froid et l'excitation, poussant ses pas vers deux jours de congé qu'il considère bien mérités.
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Il est mieux d'en profiter. Le Carnaval de Québec approche à grand pas.

1 commentaire:

Valérie-Ann a dit…

Oui, profites-en, parce que si ton professionnalisme combiné à ton efficacité se retrouvent assistés de ton soucis des collègues, t'as pas fini de rusher! Mais la satisfaction du travail bien fait, ça n'a pas de prix... Bonne chance!