If I was invisible...Wait, I already am !

31.1.07

De 4 à 3 pattes...

Vous connaissez peut-être cette vieille histoire, de l'homme de 4 à 3 pattes. Cet homme qui, à sa naissance, marchait à 4 pattes. Qui devenu adulte se déplaçait avec aisance sur 2 d'entres elles.. et finissait sa vie avec les mêmes 2 pattes, plus une troisième, la canne qui supportait son poid.

et le poid de sa vie.

Je suis un jeune homme, je me déplace avec aisance sur mes 2 pieds.
Hier soir, je suis allé voir une ancienne collègue, qui elle aussi se déplace comme moi. Ancienne Collegue a elle aussi perdue son emploi fin Décembre.

Sauf qu'ancienne collègue a plus du double de mon age. Et elle sourit a la vie, comme nous tous. 45 balais, c'est tout jeune, quand on y pense. On est au faîte de sa vie.

Mais son sourire, hier soir, était teinté d'amertume. Ancienne Collegue, contrairement à moi, se cherche un emploi. Et elle cherche depuis Novembre. Et elle ne trouve pas.

Ancienne Collègue a commencée à travailler bien avant ma naissance. Elle avait 16 jeunes printemps.

Elle était jeune, mince, belle, charmante. D'un tempérament joyeux, quoi que parfois explosif, et un brin naïve.

Elle a commencée dans un tout petit resto famillial. Tenu par des grecs, les pires patrons au monde.

Et puis, elle a étudiée. Les vins, la cuisine française, le service français, anglais, américain, a la russe.

Et elle a obtenu un poste dans un bon restaurant. Celui là même ou elle travaillait lorsqu'elle a perdu son emploi en même temps que moi en Décembre.

Elle est allée travailler ailleurs, entre ces 21 années. Elle s'est perfectionnée.

Ses connaissances sont indescriptibles.

Et elle cherche un emploi.

"Trop vieille." Se fait elle dire.

Et elle nous dit ça, à nous, les "Jeunes". Avec un sourire amer.

Et lorsqu'elle a bue quelques verres, elle nous dit de retourner à l'école, de quitter la restauration.

"Vous ne serez jamais heureux. Vous n'aurez pas de retraite. Vous aurez toujours des horaires incertains, qui vous empêcheront d'être heureux. Etc."

Elle sait la passion qui nous habite. Elle l'avait elle-même, à une certaine époque.

Elle l'a encore. Je crois.

Mais la société étant ce qu'elle est, elle pleure.

Elle pleure que les gens accordent plus d'importance à l'age qu'à l'expérience.

Elle pleure que notre milieu de travail soit aussi mal organisé, sans respect des employés, empli d'abus.

Et surtout, elle pleure que ce métier soit si beau que quoi qu'elle puisse dire, nous continuerons.

Car elle aussi, elle continue.

Même si elle pleure.

Et elle avance petit par petit, grâce à ses trois pattes...

... Ses deux jambes, et son orgeuil.

1 commentaire:

marjan a dit…

très beau texte et ô combien vrai. Trop souvent malheureusement!