If I was invisible...Wait, I already am !

5.12.07

1,2,3,4 et la douce 5.

La Waitress Insatiable m'avait demandé d'être chez elle pour 18h30. Lorsque j'ai tourné le coin de sa rue vers 18h45, embourbé jusqu'aux genoux dans l'enfer blanc qu'était devenu la Basse-Ville, elle était affairée à déblayer (déterrer) sa voiture. Ou alors elle tentait de pénétrer à l'intérieur d'une congère mobile équipée de miroirs latéraux.
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Nous avons rapidement retiré toute la neige embourbant sa rutilante Ginette, sous le regard désapprobateur de sa voisine qui, j'en suis certain, était affectée d'une profonde phobie de la neige. La ville nous interdit de mettre la neige dans la rue, elle refusait que nous la mettions sur le trottoir, j'ai passé à un cheveux de lui dire ou elle pouvait vraiment se la foutre, toute cette neige.
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Le Réceptionniste s'est joint à nous juste a temps pour aller porter Ginette au Miteux Bar pour la nuit, nous avons donc pris une petite marche en revenant.
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Rendu chez la Waitress moi et le Réceptionniste avons chacun retirés nos bas pour en mettre des secs avant de nous asseoir dans les marches, au dessus du calorifère, pour faire sécher nos pantalons.
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C'est alors que la ronde des bouteilles débuta.
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Première bouteille, l'apéro. Un blanc mousseux, volatile et léger, qui se boit tout seul. La bouteille du small talk, des nouvelles, quoi de neuf, qu'arrive-t-il avec.. , etc.
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La waitress se démenait encore devant son fourneau, clope à la main, lorsque nous avons ouvert la suivante. Un pinot noir, un rouge léger. La deuxième bouteille, celle des échanges, des "tu te souviens la fois où on à..", des histoires milles fois racontées. Celle ou on se plaint aussi un peu de nos jobs, de nos vies, de notre célibat et de l'amertume de cette damnée solitude pour un soir laissée dans le garde-robe. La deuxième bouteille, celle qui nous fait réaliser à quel point nous avions besoin de cette soirée depuis longtemps.
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C'est un peu après le début du repas que nous avons ouvert, la troisième, la meilleur d'entre toutes. C'est sur ce rouge puissant avec une saveur minérale prononcée qui n'était pas sans rappeler le plomb et le cuir que notre appréciation de tous et chacun s'exprime sur des mots parfois aussi puissants que le vin, parfois maladroits comme nous le sommes. Ce besoin inexplicable de verbaliser l'affection éprouvés l'un pour l'autre. La troisième bouteille, celle de la confiance sans pudeur.
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Après le repas, avant le dessert, la quatrième bouteille s'ouvre sans tambours ni trompette. Ce rouge décevant sera la bouteille des confidences, celle qui ont ce même goût fade et un peu trop acide que les propos que nous tiendrons. Ces expériences dont on parle avec dépit, ces histoires racontées avec un goût amer dans la bouche. Celle que l'on ne raconte honnêtement qu'à de très bons amis. Le genre d'amis avec qui tu peux te rendre à la quatrième bouteille sans gêne de ce que tu diras un coup toute inhibition tombée. La quatrième bouteille, celle des confidences.
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Et puis finalement, la cinquième. Pour beaucoup celle de trop, pour nous la fin d'une belle soirée. Un amarula doux et crémeux, servi sur glace avec du lait, qui coule en nous comme le sentiment de satisfaction et de libération que laisse cette soirée haute en émotions, en rires, en larmes, parfois. La cinquième, aussi douce que notre amitié.
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La bouteille du Small Talk, celle des échanges. Puis celle de la confiance, suivi de celle des confidences. Toutes ces bouteilles pour la cinquième, celle de la douce amitié qui, au delà de l'alcool, reste le vrai moteur du succès de ces soirées toujours parfaites.
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4 commentaires:

Stéphane a dit…

Wow! Excellent texte! Très bien écrit!

caroline.g a dit…

Très bon texte, en effet... qui donne le goût de boire sinon en groupe, à tout le moins avec vous autres ! ;o)

Anonyme a dit…

La même soirée aurait-elle été possible sans alcool?

Jeune Homme a dit…

Évidemment qu'elle l'aurait été, c'est pas comme si elle était nécessaire à la routine décrite. Ça fait simplement un bon cadre pour l'histoire avec le défilé des bouteilles...