If I was invisible...Wait, I already am !

20.3.08

Une Chaîne que les Personnes Âgées Aiment...

17 ans. C'est jeune, n'est-il pas ?
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à 17 ans le Jeune Homme vivait à Trois-Rivières. Il avait quitté son village quelques mois plus tôt.
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Selon le plan le Jeune Homme devait partir en appartement après son secondaire pour aller étudier au CEGEP. Durant sa dernière année d'études dans une école secondaire paumée entre deux champs de blé-d'inde il s'était monté un joli trousseau de vieux meubles et autres cochonneries bonne pour les étudiants et les pauvres.
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Au Noël de ses 16 ans le Jeune Homme apprenait que ses parents divorçaient. Une procédure longue et houleuse menant éventuellement à la séparation de deux êtres qui étaient passés de l'amour au mépris avec les années, tout en attachant leurs vies ensemble toujours plus solidement pour pallier au manque d'affection qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre.
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Les plans changèrent une demi-douzaine de fois et finalement le père du Jeune Homme quitta la maison familiale le matin du 7 Avril pour un 4½ à Trois-Rivières Ouest, 4½ que lui et le Jeune Homme partageraient lors de son entrée au CEGEP plus tard.
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Le Jeune Homme aida son père a transporter le peu qu'il lui restait, plus ce que le Jeune Homme possédait, de son enfance vers ce qui deviendrait son passage dans le monde des adultes.
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Le Jeune Homme et un père qui ne se comprennent pas. Un adolescent qui rue dans les brancard et qui affronte et confronte tout et rien mais surtout ses parents.
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Un adolescent frustré, blessé, qui prend doucement conscience de son énorme force et de tout le pouvoir qu'il pourrait avoir s'il s'y appliquait.
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Et de cohabiter un homme et un Jeune Homme qui ne s'entendent pas, ne se comprennent pas, ne se parlent presque pas. Deux hommes en peine qui n'arrivent pas à communiquer et a exprimer ce qu'ils sont.
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Parfois un petit frère qui ne parle pas se joint à eux. Alors ils jouent au carte, maigre palliatif à une conversation qui vient trop rarement et se tari trop vite.
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Les mois passent et les quelques mots échangés le sont de plus en plus fort, devenant des cris, parfois des larmes. Les soupirs d'incompréhension se transforment en inspiration de rage et de colère impuissante, les silences vides s'emplissent de mille et une reproches silencieuses.
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Le Jeune Homme est différent, il fait tout en grand.
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Le jour ou il fugua de chez son père n'y fait pas exception.
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Les ados fuguent avec un sac-a-dos et un peu d'argent volé. Ils se terrent et sont vite rattrapés. Honteux, ils se taisent et retournent chez leurs parents, dans le silence et la solitude, étouffant leur malheur.
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Un soir un homme rentre chez lui et ne trouve pas son fils. La chambre de l'adolescent est vide, il a tout emmené, le lit, la commode, l'ordinateur, les vêtements. Il a aussi pris la télé du salon qui lui appartient et les serviettes dans la salle de bain.
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Il a laissé une note sur la table expliquant qu'il est parti, comme le ferait une épouse à son mari.
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Un homme qui sait ou se trouve son fils et comment le rejoindre mais qui attend.
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Les heures s'étirent, la nuit tombe et se relève. 24 heures sont passées avant que l'homme ne trouve le courage d'appeler ce fils qu'il a toujours aimé mais qu'il a l'impression de ne pas, de ne plus connaître.
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Jeune Homme adolescent et obtus, qui refuse de dialoguer, qui ne veut surtout pas voir ses propres failles, s'entêtant à mettre en lumière celles de son père sans comprendre que s'il les voit aussi clairement c'est qu'ils sont semblables.
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Et finalement un soir dans une resto d'une chaîne qui plaît aux personnes âgées se retrouvent attablés un homme, son ex-épouse et un adolescent déchaîné.
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Arguments après arguments deux êtres qui ont décidé de s'haïr pour le meilleur et pour le pire mettent leur griefs de côté pour faire entendre raison à un Jeune Homme buté qui croit que détester les gens l'aidera à s'aimer lui-même.
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Après deux heures le Jeune Homme consentira à retourner vivre avec le paternel. Il le fera simplement parce qu'après deux heures il a fini par arracher à ses géniteurs la promesse qu'en Juillet ils le laisseront voler de ses propres ailes. Ils n'auront pas le choix, il aura 18 ans de toute manière. Ils sont aussi bien de lui faciliter les choses, ce sera bénéfique pour tous.
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Trois personnes qui quittent ce restaurant ou tout goûte la même chose, ou le café est fade et les prix ridicules. La femme part à droite, en direction d'un nouvel amoureux, d'une nouvelle maison et d'une nouvelle vie. L'homme part a gauche, vers un logement vide ou l'attendent des dettes, des regrets et toute la peine du monde qu'il est incapable d'exprimer.
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L'adolescent Jeune Homme lui part droit devant, sur le chemin de la vie. La tête haute, il s'obstine à ne pas tourner la tête car cela l'obligerait à regarder une partie ou l'autre de son enfance s'éloigner les épaules courbées par le sentiment d'avoir échoué.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et des larmes perlèrent sur ma joue. Je n'arrête pas de le répéter, mais diantre que tu as les mots pour exprimer tes émotions! Une si belle plume!

Quand j'étais ado, je ne peux plus compter le nombre de fois où j'ai pensé fuguer. Le courage m'a toujours manqué... J'avais vu ce qui était arrivé à mon frère qui avait essayé... mais à lire ton texte, ça m'a fait réaliser que oui, je détestais ce qu'était ma maison, mais parce qu'en fait je me détestais moi...

Woah! Tu es profond et ça me fait réfléchir sur moi-même!!

caroline.g a dit…

T'ai-je déjà dit à quel point j'aime comment tu écris ? Oui ? Je te l'ai déjà dit ? Ah ben. Ben je ne le redirai pas, puisque tu le sais... Ah pis non, faut le dire: tu écris biiiiiien ! :o)