If I was invisible...Wait, I already am !

16.3.08

Garde-Manger

Depuis déjà longtemps j'ai changé l'orientation de mon blogue, sans heurt.
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J'ai cessé de l'utiliser comme s'il était un journal intime, j'ai cessé de me mentir et de me dire que personne ne me lisait, j'ai cessé de croire que les mots que j'enfilais ici n'auraient jamais aucun impact sur ma vie ou sur celle des gens dont je parle.
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J'ai cessé d'écrire "Ma vie/My life" et je me suis concentré sur le small talk et les faits cocasses.
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Mais ce soir, j'ai envie de sortir une vieille histoire sans début ni fin qui implique moi, elle, lui et un autre.
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Vous vous souvenez du début, la raison pour laquelle j'ai commencé à bloguer ?
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C'est parce que je venais de perdre mon emploi. J'avais envie de tromper la solitude d'un chômage trop nouveau et trop vide de présence et de sens.
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Le Château avait décidé de mettre la clé dans la porte de notre restaurant pour différentes raisons plus ou moins juste. N'y revenons pas, l'histoire a été vécu et est passée, qu'elle soit juste ou pas n'y change rien.
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À l'époque j'avais des rapports particuliers avec l'équipe de travail de l'établissement. La majorité d'entre nous étions jeunes, plusieurs avaient peu ou pas d'expériences, nous étions choyés d'avoir eu des postes dans une entreprise avec autant de renommée. L'occasion était énorme pour nous tous.
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Nous nous sommes donnés a fond, parfois jusqu'à 80 heures semaine, dormant sur place 1, 2, parfois 3 fois semaine, enchaînant les doubles quart de travail et les culbutes.
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Du déjeuner au dîner en passant par les souper 5 ou 7 services et les banquets, nous touchions a tout et si la maladresse de notre jeunesse pouvait parfois nous nuire, elle était largement compensée par notre énergie, notre volonté et la synergie de notre jeune équipe.
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Un des membre de cette équipe, un garde-manger un peu plus jeune que moi, était de ceux qui, jusqu'à la fin, on fait perdurer le mythe et la réputation de l'établissement.
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Garde-Manger de titre peut-être, il faisait de tout. Des entrées froides et chaude au cuissons de viandes aux dessert, son imagination, sa débrouillardise et son ingéniosité nous étaient précieuse, nous qui fermions et avions de moins en moins de moyens et d'éléments en main pour satisfaire notre clientèle.
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Il avait une copine, à laquelle il n'était pas fidèle.
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Sans jugement aucun je dois dire que cela allait à l'encontre de mon système de valeur. Moi, ancien chum trompé puis dompé, je tolère mal l'infidélité, que je sois impliqué ou pas.
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Il flirtait à tout vents, personne ne s'en formalisait. Moi non plus, jusqu'à un certain point.
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Puis vint le jour ou j'appris qu'il était l'amant d'une de mes amie, aussi collègue de travail. Le secret était de taille, il devait être préservé pour l'équilibre d'un couple, d'un restaurant, d'une équipe.
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Les jours se sont suivis et succédés, les nuits aussi. Les quart de travail, les nuits à l'hôtel, les beuveries au resto, un coup les portes et les stores fermés.
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Il me faisait de l'oeil.
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Lui qui avait une blonde, qui avait mon amie comme maîtresse, m'adossa un soir contre un mur pour me voler un baiser tout sauf chaste.
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S'en suivi moult discussion avec l'amie en question, pas offusquée une seconde du geste du Garde-Manger, a peine surprise de cette impromptue bisexualité.
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Les ragots courraient, les gens ne sont pas fous.
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Ils voient, ils parlent.
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Les mots courent.
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Un jour la rumeur s'était épanouie avec une splendeur et un panache inattendues.
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J'étais l'amant du Garde-Manger.
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Mon amie fréquentait quelqu'un, il lui était commode que les gens croient que c'était moi "l'autre femme".
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D'abord consentant je compris rapidement que ma réputation s'en repentait, ainsi que celle de l'autre.
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Tromper sa blonde avec une fille, c'est masculin, tromper sa blonde avec un gars, c'est gay en christ.
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Les soirées ont continuées à naitre et mourir, les quarts de travail à se succéder. Les beuveries aussi.
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L'année s'en est allée, le resto a fermé ses portes et nous sommes tous parti chômer dans nos logements, endroit que nous avions trop peu vu au cours des derniers mois.
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On s'est perdus de vue, recroisés parfois.
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Ce soir au bar le Garde-Manger était là.
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Il a quitté sa blonde durant les dernières fêtes. Célibataire, libre comme l'air, malheureux comme les pierres.
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Pour la première fois depuis que nous nous connaissons nous sommes parvenus à avoir une discussion qui ne ressemblait pas à une game de battleship. Pas de touché coulé, pas d'interprétation abusive de chaque parole, chaque geste, chaque regard.
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Quelques reproches, quelques excuses, plusieurs vérités. Deux personnes qui ne se comprennent pas et qui s'aiment bien, en dépit de tout.
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Peut-être une forme perverse de respect.
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On doit prendre un verre cette semaine. Le Jeune Homme se dit qu'il quittera probablement la table ce soir là un peu déçu, un peu plus instruit sur lui-même et la nature humaine.
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Le savoir en vaut la peine.
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2 commentaires:

Waitress a dit…

NONNNNN !!!! Tu niaises hein ???

Anonyme a dit…

des tranches de vie!! C'est ce que je préfère!! Et diantre suis-je curieuse d'avoir le compte rendu de cette rencontre que tu auras/as eu cette semaine avec le Garde-Manger!!