If I was invisible...Wait, I already am !

12.5.07

Pssst!!!

Le "Pssst", c'est le bruit de la bière que le Jeune Homme ouvre à 1h54 du matin, à son retour du bar.
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J'ai toujours eu de la difficulté à partir d'un débit de boisson avant le last call. C'est pratiquement pathologique mon truc. Tant que le last call est pas lancé, ya encore moyen d'avoir du fun.
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C'est drôle ce soir, j'avais plus le goût de rester. J'avais juste le goût de faire l'enfant et d'aller bouder chez moi, tout seul. Avec une bière. Pis d'la musique qui met en criss. Le genre de toune qui t'aide à te pomper, question de pas dormir de la nuit, étendu de tout ton long entre les draps trop froids, les mâchoires serrées, la boite à pensée à fond la caisse.
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Première gorgée de bière. Boréale blanche, froide, amère et acide à la fois.
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J'ai jamais aimé être un parmi les autres. J'aime me sentir unique, sans toutefois passer mon temps à tenter de me démarquer de la masse.
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Deuxième gorgée de bière. Arrière-goût de céréale, toujours aussi froide. Pink crache "you and your hand tonight", pleine de mépris.
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Le Réceptionniste s'est définitivement pendu ce soir.
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Troisième gorgée de bière. Vraiment amère et acide. Pink vomi son dédain. "I'm not here for your entertainement..."
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Vous savez quel est le plus gros organe de l'homme ? L'orgueil. N'en déplaise à ceux qui ne partagent pas mon point de vue, je suis persuadé d'avoir raison.
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De voir le Réceptionniste qui m'avait invité à prendre un verre me faisait plaisir. Je n'avais plus vraiment d'attente, cette simple idée de vivre quelque chose au travers de lui étant depuis le début un truc foireux monté dans mon esprit. La raison ne m'a jamais laissée, mais j'aime à fantasmer pour oublier à quel point je ne vois plus le jour ou je vais reprendre quelqu'un dans ma vie.
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De voir le Réceptionniste me prendre dans ses bras, me toucher, rire avec moi, me faisait plaisir.
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Quatrième gorgée. Le goût poudreux de la bière blanche me monte au nez, comme la poudre blanche de la "K" est montée au nez du Réceptionniste à un moment ou à un autre durant la soirée. Pink ne cesse d'hurler le dépit ressenti, avec " Leave me Alone" cette fois-ci.
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De le voir courtiser, toucher et même embrasser un autre que moi devant moi m'a quand même foutu un coup. Semblerait que je sois encore humain.
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Cinquième, sixième, septième gorgée de bière. La fin approche à grand pas et l'arrière-goût de blé s'est transformé, prenant la saveur de la bile qui nous roule en bouche avant de vomir.
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De le voir s'étonner de mon départ à définitivement été le coup final, le couronnement. De le voir si surpris que je le salue à distance, pour éviter tout contact physique m'a juste empli du même mépris que celui que Pink fait couler de mes speakers ce soir.
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Huitième et neuvième gorgée. La fin est proche, dans ma bière comme dans l'histoire.
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Vous savez, ya toute cette histoire qui m'écoeure un peu, me blesse à peine. Il y a ce maudit orgueil qui ne cesse de hurler, m'obligeant à forcer un sourire que je voudrais sincère.
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Mais ya un truc, un seul, avec lequel j'suis incapable de dealer. C'est ce regard ou se terre un fond malsain de culpabilité auquel j'ai eu droit avant de partir. Un je m'excuse qui n'a ni sa place, ni sa raison. Un regard coupable qui agit comme un coup de fouet dans cet orgueil déjà éveillé, comme une justification de toute l'inconsidérée haine qui menace de naître.
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Ya cette dernière gorgée de bière, celle qui goûte la bave, celle qui est chaude, celle qui est de trop. Comme ya les derniers mots de cette autre histoire ridicule, dernier maillon d'une longue chaîne d'histoire ridicules sans queue ni tête, histoire qui se termine ce soir.
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Ya ce côté de moi qui va prendre le dessus, d'ici quelques minutes, quand je rangerai la bouteille vide parmi toutes les autres, dans la caisse, sur le plancher froid de la cuisine. Ce côté mature et rationnel qui fera que la prochaine fois, probablement demain, quand je le verrai, j'aurai le même sourire affable et sympathique que d'habitude.
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Et yaura cet autre côté, enfantin et humain, qui tiendra la distance nécessaire entre lui et moi pour l'empêcher que le vague dégoût qui m'habite ne devienne un profond mépris teinté d'un lourd fond mesquin.
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Parce qu'en bout de ligne, j'ai pas voulu être un parmi tant d'autres ce soir. J'ai pas voulu qu'il me touche comme il touchait les autres. J'ai pas voulu que la poudre de kétamine me caresse quand c'est par lui que j'aurais voulu être touché.
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Moi, je suis pas tous les autres, et je le serai jamais.
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Moi j'veux pas être ça. Moi je veux être moi dans les yeux de l'autre.

6 commentaires:

Valérie-Ann a dit…

Magistral, comme d'habitude. Même dans la peine, tu as la prose superbe. Il ne te vaut pas, il ne te mérite pas. Va falloir maintenant passer par la pénible étape de l'oubli...

Jeune Homme a dit…

lol !
C'est pas une épreuve si pénible que ca non plus, sinon c'est pas l'orgeuil qui serait touché mais le coeur :P

Stéphane a dit…

Chose certaine, dans les relations humaines on peut être tout sauf un parmi tant d'autres.

Il est vrai que l'orgueil des hommes sera toujours plus gros que tout le reste.

Dis, c'était toi hier soir le sourire dans l'escalier ? Ça m'a pris un certain temps avant d'arriver à la conclusion que ce pourrait être toi!

Jeune Homme a dit…

Je pourrais pas te dire.. je me souviens pas de t'avoir vu en fait !

Jiji a dit…

Merde, qu'il est vraiment con! Ne pas réaliser ta présence, ton attraction envers lui, non mais vraiment! Comme le dit valérie-ann, il ne te mérite pas! **câlin virtuel**

Jeune Homme a dit…

mouhahaha !
J'en suis pas mort jiji, t'inquiete !