Le Réceptioniste

Cette histoire débute il y a plusieurs mois, pas très longtemps après mon arrivée dans la Vieille Capitale.

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En fait, je ne me souviens plus vraiment du début. Mais voilà, J'vous dit ce qui est arrivé, selon moi.

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J'ai du lui parler d'abord sur le net. Oui, plus j'y pense, plus ça fait du sens. Un parmi tant d'autre en sommes.

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Intéressant à jaser, intéressant à regarder. Sans plus..

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Et puis, on a du parler de nos emplois respectifs j'imagine. Ça a du venir dans les premières conversations. Moi j'étais serveur, lui réceptionniste.

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Les deux pôles de l'industrie de l'hôtellerie. Deux mondes qui doivent travailler ensemble, mais qui ne se comprennent pas.

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Mais bon, je vous parlerai peut-être un autre jour de cette dualité.

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Et puis, nous avons du parler de l'endroit ou on travaillaient, pas longtemps après.

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J'vous ai dit que le restaurant ou j'offrais mes services était situé dans un hôtel ? Vous me voyez venir?

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Bin oui, le gars était réceptionniste à l'hôtel ou je travaillais.

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Je l'ai croisé quelques fois par la suite, lorsque j'avais à négocier avec l'hôtel au sujet d'une facture litigieuse ou d'un morceau de vaisselle quelconque oublié dans un couloir.

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Il semblait surtout me trouver pas mal à cheval sur les principes, et pas mal paquet de nerfs. Faut dire que quand je suis rendu à traverser à la réception de l'hôtel plutôt que d'appeler, c'est que j'suis rendu pas mal au bout d'mes moyens d'habitude. Nevermind.

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On a tranquillement cessés de se parler. On se croisaient de temps en temps au bar, on se saluaient, sans plus. On se croisaient à l'hôtel, on se saluaient, sans plus.

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Je l'ai croisé à quelques reprises au bar depuis 3 semaines. Le beau temps revient, les gens sortent plus j'imagine.

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La première fois il a été fidèle à lui-même, peut-être un peu plus jasant. Mais rien de particulier.

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Et puis c'est allé en augmentant. La gentillesse je veux dire.

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C'est là que j'ai compris. Peut-être, je dis bien peut-être, que c'est un garçon très gêné ? Allez savoir. et puis la question me travaillait pas assez pour que je me la pose sérieusement.

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Il était la samedi dernier. J'étais tranquillement installé dehors avec quelques amis, à fumer une clope, bouteille à la main quand je l'ai vu s'approcher entre les tables occupées, ces minuscules plateaux de bois surchargés de bouteilles, verres, cendriers et autre trucs qui potentiellement dommageables.

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Ce garçon de plus de 6", très mince, aux grandes mains et aux doigts effilés. Avec ce visage volontaire, presque dur voir, sculptural. Avec ces lèvres pleines toujours un peu entrouvertes, invitantes presque. Avec ces yeux bleus un peu fou, qui regardent tout et rien à la fois, ce regard qui me rend parfois perplexe. Avec ces cheveux plus noirs que la nuit ou l'on imagine faire disparaître ses doigts.

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Résumé : Je venais de me rendre compte qu'il était A) Très beau. B) Qu'il s'en venait sur moi.

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On a parlé un peu. C'est encore méthodique parfois. On sent qu'il parle prudemment, qu'il pèse ses mots, qu'il observe les réactions.

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Je me suis levé. Il m'a pris dans ses bras.

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"Réchauffe-moi, j'ai froid".

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Pauvre toi, t'es deux fois grand comme moi.

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J'ai quand même passé les 15 dernières minutes de la soirée installé sur ses genoux, sa tête contre ma tête, son souffle dans mon cou. Sa respiration que j'avais l'impression de sentir contrôlée, comme s'il me caressait volontairement de son souffle. Vraiment rushant.

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J'ai refusé son invitation de fin de soirée à aller prendre un dernier verre chez lui avec ses amis. Depuis quelques temps je me méfie des invitations de 3h00 du matin ou il y a des amis.

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Non, j'déconne.

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Mais on s'est reparlés cette semaine. On a parlé de peut-être faire quelque chose ensemble. Mais pas dans un bar. Dans l'vrai monde.

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Je suis septique. Mais j'vous en reparlerai peut-être... Ou peut-être pas.